Jean-Charles Faré

Ma rencontre avec Jean-Charles:

Arrivé du Pas-de Calais et passionné d’astronomie, j’observais alors avec un Dobson Meade 300mm, je me suis mis en recherche de personnes pouvant partager ma passion dans les environs de Saint-Pierre sur Dives, j’ai consulté l’annuaire Astrosurf où figurait l’adresse mail de Jean-Charles, un petit message et deux jours plus tard j’étais invité à découvrir son matériel (C14 entre autres…).

Cette rencontre fut cruciale pour moi, les 6 kilomètres nous séparant permettaient de se voir régulièrement. Il m’a fait découvrir et initié à l’astrophoto, il m’a tout appris avec calme patience et humilité. Grace à lui je suis aussi devenu « Girafon », nous avons partagé les stages PixInsight et bien d’autres choses.

Jean-Charles un homme de grande culture: Passionné de géologie, il explora les différentes couches ou strates géologiques de Normandie à la recherche de Fossiles, chez lui une pièce entière renferme plus de 1000 fossiles, rangés, répertoriés et étiquetés avec la minutie qui le caractérisait.

La voile, une de ses autres passions qu’il partageait avec son épouse, il aimait se détendre à la barre de son voilier échappant ainsi à ses lourdes contraintes professionnelles. Ses expéditions étaient préparées avec précaution et précision sans rien laisser au hasard.

Il avait aussi la passion des arbres et des fleurs, la peinture, une autre facette de Jean-Charles, il laissera à Martine de nombreux tableaux ainsi qu’une superbe maquette de voilier en bois de plus d’un mètre de longueur réalisé entièrement à la main, des centaines d’heures de travail d’une grande minutie.

Pour conclure, Jean-Charles était un homme très discret, d’une rare humilité, calme et passionné. Il nous manquera beaucoup.

Michel CONSTANT

 

Balade cadrans solaires

Après plusieurs reports en raison d’une météo peu favorable, nous avons enfin pu faire cette belle balade au Nord-Ouest de Caen. La région est riche en cadrans solaires très différents les uns des autres. Pascal, qui éprouve un grand intérêt pour les cadrans solaires, s’est inspiré du site de Michel Lalos pour nous concocter un circuit, avec de jolies routes agréables à arpenter à moto. Car, oui, Pascal est aussi un motard passionné, il était donc heureux d’associer ses trois passions : l’astronomie, les cadrans solaires et la moto, pendant un après-midi. Nous étions 13 participants formant un convoi de 5 motos, un scooter, de 125 à 1800 cm³, et une voiture.

La cadran du bien nommé bistrot « Le Cadran Solaire »

C’était, pour ma part, une première. Mais j’aime les expériences nouvelles, alors monter comme passagère sur la moto de Pascal, c’était l’assurance d’une découverte de ce mode de déplacement avec une sécurité maximale.

La balade a débuté à Bretteville l’Orgueilleuse, où deux très beaux cadrans solaires ornent la route principale. Dont l’un situé juste à côté d’un bistrot nommé Le Cadran Solaire. Coïncidence ?

Puis direction Secqueville en Bessin, où un petit cadran au fond d’une ruelle s’est laissé apercevoir. Il fallait habiter la commune pour connaître son existence. C’était heureusement le cas de Pascal qui a grandi ici.À l’église de Coulomb, nous avons vu un tout petit cadran solaire, discret et dont les chiffres sont partiellement effacés. Un insecte dans une oreille plus tard (cette histoire s’est heureusement bien terminée) (pas pour l’insecte), nous repartons pour Lantheuil.

Le cadran de Lantheuil

À Lantheuil, nous avons admiré un très beau cadran solaire, original car un grand mur lui cache le soleil l’après-midi, il n’y a donc les chiffres que de 07h à 14h, pas besoin de la suite !

Séance d’observation du Soleil (entre deux nuages)

À l’église de Pierrepont, un cadran solaire avec une forme originale est sculpté sur la façade Sud de l’église. Ici, dans le cimetière sur un agréable espace de verdure, Pascal a installé sa lunette astronomique munie du prisme de Herschel afin de faire un peu d’observation solaire. Entre deux nuages, nous avons pu observer le disque solaire et un joli groupe de taches près de son pôle Sud.

Un peu de route avant la prochaine étape, sur les beaux chemins entre Thue et Mue, vallonnés, ombragés, et de belles lignes droites et courbes, ce qui a permis à Pascal de nous faire plaisir avec des accélérations dignes d’un décollage de Thomas Pesquet dans sa Falcon 9. Nous avons même réussi à semer le petit groupe. J’avoue que c’était assez grisant, même si je me suis sentie quand même vulnérable sur la moto. Il manque un truc… Peut-être des portières et une carrosserie ?

Ensuite, direction l’église de Meuvaines, où un petit cadran solaire est discrètement visible à l’extrémité de la façade Sud, tout en haut du pilier du porche.

le cadran du château de Saint Gabriel Brécy

Nous avons ensuite longé la mer vers Arromanches et ses falaises, puis nous nous sommes dirigés vers Saint Gabriel Brécy, où Pascal a lié connaissance avec le concierge du château, qui nous a gentiment autorisé à rentrer dans la cour. Car ce magnifique et imposant cadran solaire en haut du gigantesque porche est invisible de la route.

un des cadrans du château de Creully

Enfin, à Creully, nous avons observé les deux cadrans solaires sur la façade du château, proches l’un de l’autre mais dans des orientations différentes. Il y avait un mariage dans la cour du château de Creully, nous avons hésité à nous inviter pour le vin d’honneur, car nous n’avons pas trouvé de café ouvert pour fêter la fin de la balade…

Les éclaircies de l’après-midi nous ont permis de voir ces cadrans solaires « en fonctionnement », c’est tout de même plus intéressant de voir l’ombre du gnomon sur le cadran. Nous avons pu constater qu’ils étaient tous à l’heure, à condition de rajouter à l’heure solaire deux heures en été, et une heure en hiver.

Pascal a dans sa besace d’autres cadrans solaires à nous faire découvrir, il va donc organiser une prochaine fois un nouveau circuit, je vous invite à vous joindre à nous ! En moto, scooter ou co-voiturage !

Pour ceux tentés par cette balade, voici la fiche du parcours: Balade autour Creully

(photos Nicolas D)

Médaille d’or pour US 708. L’étoile la plus rapide de la Galaxie.

Elle s’appelle US 708. Non, ce n’est pas une nouvelle autoroute américaine, comme son nom pourrait nous le faire croire. Il s’agirait plutôt d’une formule 1 de l’espace. Aux jeux galactiques, elle aurait la médaille d’or. En effet, US 708 est le nom de l’étoile la plus rapide de notre Galaxie. Ce bolide file à 998 km par seconde. Oui, par seconde ! A cette vitesse, rien ne peut la retenir, pas même l’attraction gravitationnelle de la Galaxie tout entière. Cette étoile finira par disparaître dans l’espace intergalactique.

Aujourd’hui, cette étoile se trouve déjà très loin de nous, un peu trop loin pour être mesuré directement avec le satellite GAIA par le principe de la parallaxe. On estime sa distance à plus de 27 000 années-lumière, c’est-à-dire 3 fois plus loin que Rho Cassiopée, l’étoile la plus lointaine visible à l’œil nu.

Vue de notre Galaxie par la tranche. Le point jaune représente notre Soleil à l’intérieur de notre Galaxie, et le point bleu l’étoile US 708, qui déjà s’échappe de la Galaxie. Simulation via le logiciel Celestia @ F. de Oliveira.

Vue par-dessus de notre Galaxie. Le point jaune représente notre Soleil et le point bleu l’étoile US 708. La zone en rouge est la position d’origine de l’étoile dans le plan galactique. A droite de notre Galaxie, le grand et le petit nuage de Magellan. Simulation via le logiciel Celestia @ F. de Oliveira.

L’étoile US 708 est donc totalement invisible à l’œil nu, sa magnitude apparente est de +18,7. C’est 30 millions de fois moins lumineux que l’étoile Véga. Il faudrait un télescope de 8 mètres pour la voir ! Cependant, il est possible de la photographier avec un télescope de 200 mm et un long temps de pose. En effet, dans un bon ciel et avec ce télescope il est possible de photographier des étoiles de magnitude +19 en 10 minutes d’exposition. Avis aux amateurs ! Une photo de cette étoile nous montre que c’est une très jolie étoile bleue perdue au milieu d’un champ de galaxies lointaines. C’est sa couleur bleue qui a attiré l’attention, d’où son nom de US 708, pour Ultra violet excess Starlike 708 (étoile avec un excès en ultra-violet).

L’étoile US 708 est un tout petit point bleu perdu au milieu d’un champ de galaxies lointaines. L’étoile est de magnitude +18,7, positionnée aux coordonnées : AD=9h33’21’’, DEC=+44°17’6’’. Elle est située à 10’ d’arc de l’étoile de 8e magnitude HIP 46820 (Hipparcos Star Catalogue).  Photo de @ https://www.google.com/sky/

Elle est située dans la constellation de la Grande Ourse, en bas à droite de la casserole. Le meilleur moment pour la photographier est en février, quand elle est au plus haut dans le ciel, quasiment au zénith en plein milieu de nuit.

Position de l’étoile US 708 dans la constellation de la Grande Ourse. Image simulée avec le logiciel Stellarium. @F. de Oliveira

Cette étoile est très bizarre. C’est une étoile naine, d’un tiers de la masse du Soleil. En surface, elle est constituée d’hélium, quasiment pur, chauffé à plus de 47 000 degrés. Des étoiles naines il y en a beaucoup dans notre Galaxie, on pense que 85% des étoiles sont des étoiles de masse inférieure à 0,4 fois la masse du Soleil. L’étoile US 708 ne fait donc pas figure d’exception. Dans le cœur de ces étoiles naines, l’hydrogène est transformé en hélium par réaction de fusion nucléaire. L’hélium ainsi produit au cœur de l’étoile, chaud, est transporté par convection thermique jusqu’à la surface de l’étoile. Ces étoiles finissent donc par être constituée entièrement d’hélium, y compris en surface. On pourrait donc penser que US 708 est une de ces étoiles classiques. Deux choses ne collent pas. D’une part la température, l’étoile US 708 est bien trop chaude. Elle devrait être rouge à 3 000 degrés, et non bleue à 47 000 degrés. D’autre part, la fusion nucléaire est si lente dans ces étoiles naines que cela prend des centaines de milliards d’années pour transformer tout l’hydrogène en hélium, c’est-à-dire une période de temps bien plus grande que l’âge de l’Univers.

Les modèles astrophysiques montrent que plus l’étoile est massive et plus cette transformation de l’hydrogène en hélium est rapide. Cela peut donc se passer en quelques millions ou milliards d’années si l’étoile est suffisamment massive. L’étoile US 708 est donc forcément le reste d’une étoile plus massive, qui a transformé son hydrogène initial en hélium, et dont une partie de la masse a été éjectée pour ne laisser que le cœur de l’étoile initiale, une étoile naine, dense, riche en hélium et très chaude comme observée. Ce scénario astrophysique est assez classique.

Vous vous demandez sûrement comment une étoile de cette masse a-t-elle pu être accélérée jusqu’à la vitesse folle d’un millième de la vitesse de la lumière ? Les chercheurs également ! Le scénario proposé est le suivant. Au départ il y avait deux étoiles massives tournant rapidement l’une autour de l’autre. L’étoile la plus massive s’est transformée en étoile naine après avoir expulsée son enveloppe. L’autre étoile a aussi perdu son enveloppe d’hydrogène, ne laissant que le cœur chaud d’hélium. Le gaz expulsé a été en partie absorbé par l’étoile naine compagnon, ce qui l’a rendue plus massive, ce qui a provoqué régulièrement des « mini » explosions appelées novae, jusqu’à ce que la masse totale de l’étoile dépasse la masse critique, dite « masse de Chandrasekhar », de 1,4 fois la masse du soleil, limite théorique de stabilité de ces étoiles, ce qui l’a fait exploser totalement.  C’est ce qu’on appelle une explosion « supernova de type Ia », une « supernova thermonucléaire ».

Imaginez un couple de deux patineurs se tenant par la main et tournant rapidement l’un autour de l’autre, et d’un coup, l’un des patineurs disparait. Le second patineur est donc lâché, expulsé à grande vitesse vers l’extérieur, comme par une fronde. C’est ce qui s’est passé pour cette étoile US 708. Son étoile compagne a soudainement explosé, disparu en un nuage de gaz, et l’étoile US 708 s’est trouvée éjectée à grande vitesse. La vitesse mesurée aujourd’hui étant très grande, la vitesse de rotation des étoiles était très élevée, le couple d’étoiles était donc très proche l’une de l’autre, à seulement 0,2 fois le rayon solaire. L’explosion s’est passée il y a 17 millions d’années. C’est dingue ce qu’on peut comprendre d’un tout petit point bleu perdu dans le ciel !

 

Références :

  1. GEIER, S., FÜRST, F., ZIEGERER, E., et al. The fastest unbound star in our Galaxy ejected by a thermonuclear supernova. Science, 2015, vol. 347, no 6226, p. 1126-1128.  Article
  2. Simbad
  3. Google
  4. Wiki
  5. Universguide

 

 

 

Eclipse partielle de soleil

Aujourd’hui était visible une éclipse partielle de soleil depuis la Normandie. Nous étions une dizaine à avoir répondu à l’invitation lancée par Pascal pour observer en commun cet événement. C’est avec grand plaisir que les personnes présentes se sont retrouvées en présentiel à la cote 112, après plusieurs mois d’interruption des activités pratiques.

Malgré la présence de nuages, nous avons pu observer par intermittence le phénomène. Six télescopes étaient installés pour l’occasion. Ils ont permis à quelques nouveaux membres de découvrir différents instruments et équipements pour observer le soleil en toute sécurité.

Olivier nous a montré que le contour de la Lune n’était pas totalement circulaire. Nous pouvions observer les aspérités liées au relief de la lune par projection sur le soleil.

Voici une photo réalisée par Pascal. De nombreux membres ont également observé et photographié l’événement. Voici un time lapse réalisé par Vincent.

 

 

 

Clin d’oeil à Thomas PESQUET

A l’heure où Thomas vient d’arriver dans la Station Spatiale Internationale, malgré la distance, les amateurs d’astronomie gardent le contact…

Vendredi, il y avait un beau transit de l’ISS devant le soleil, visible depuis la Californie. Notre ami Nicolas de San Francisco a fait un montage photo de l’ISS à partir d’un petit film réalisé avec un boîtier Canon 5D mark IV qui dispose d’un mode vidéo 4K.

« J’ai bien failli tout rater, car à l’heure h j’ai appuyé sur le bouton en tremblant, mais pensant à tort que je n’avais pas démarré la vidéo, j’ai appuyé une 2nde fois ce qui l’a stoppée au milieu. Du coup il me manque la fin ; bref je m’en sors pas trop mal, car j’aurais pu rentrer bredouille. En plus la météo n’était pas très sure. J’ai pu extraire 13 images de la vidéo pour faire un petit chapelet (incomplet) et surtout faire un clin d’œil a Thomas PESQUET. Il aurait du être dedans, mais malheureusement le vol a été retardé d’une journée, et du coup, il se trouvait dans sa capsule au moment du transit. »

Voici une photo de son installation depuis Calistoga, une charmante petite ville thermale entre mer et montagne en Californie.
Vous pouvez retrouver son tutoriel pour réaliser des photos de l’ISS dans notre rubrique Astrophotographie : https://www.astroclubdelagirafe.fr/2020/05/20/tutoriel-photographier-liss-avec-un-teleobjectif-ou-un-instrument-astronomique/
Pour faire coucou à Thomas PESQUET depuis votre jardin, nous vous conseillons  les sites suivants qui indiquent les passages de l’ISS en fonction de votre localisation sur le globe  : www.transit-finder.com ou www.heavens-above.com

 

Pour vous plonger dans l’ambiance d’une observation ordinaire d’un passage de l’ISS, voici une petite vidéo que j’ai réalisée l’an dernier avec un téléobjectif de 300 mm, un soir où elle survolait la Terre à 1052 km.

Voici une photo prise ce soir là avec un Télescope Newton 150/750mm.