Mars : De la rouille dans l’Espace

La planète Mars est actuellement visible à l’œil nu dans le ciel nocturne, vous ne pouvez pas la manquer, vers minuit c’est le second astre le plus brillant du ciel après la Lune. Elle est au plus proche de la Terre en ce moment, profitez-en.

Crédit : Photo de Mars par Jean-Charles Faré, membre de l’association, via un télescope C14

D’un éclat rouge orangé, rappelant la couleur du sang, Mars était le Dieu des guerriers chez les romains. Sa couleur est due à sa composition chimique. Contrairement aux étoiles carbonées dont la couleur rouge est due aux atomes de carbone (voir mon billet précédent), Mars est rouge parce qu’on y trouve beaucoup d’oxyde de fer. Mars est une planète rouillée ! La couleur rouge du sang est aussi en partie due à la présence de fer dans l’hémoglobine.

Il faut s’imaginer cette lumière qui a beaucoup voyagé. Elle est partie du soleil, elle a voyagé pendant 15 minutes jusqu’à atteindre Mars, elle s’est réfléchie à la surface de la planète sur un grain de sable, ou sur un petit caillou, le reflet de cette lumière est reparti dans le ciel, a voyagé encore pendant 7 minutes, a traversé l’atmosphère de la Terre et a fini son voyage dans votre œil ! Et vous prenez conscience : « Quelle fantastique immersion dans l’espace ! ».

Mars c’est aussi un voyage dans le temps. En 1609 Galilée observe pour la première fois le ciel avec une lunette de son invention. Il fait de nombreuses découvertes, c’est une révolution scientifique ! La même année se produit une seconde révolution. Kepler publie le résultat de ses travaux, basés sur des observations faites à l’œil nu de la planète Mars par l’astronome Tycho Brahe. Après avoir précisément calculé leurs trajectoires, Kepler déclare que les planètes se déplacent suivant des ellipses, et non sur des cercles ! La différence ? Six pour mille pour Mars. Regardez la différence sur l’image ci-dessous.

Pouvez-vous voir la différence entre le cercle bleu et l’ellipse en tirets rouge ? A peine ? C’est pourtant ce qu’a réussi Kepler. Cette incroyable histoire a été racontée magistralement dans un roman historique « Les Somnambules : Essai sur l’histoire des conceptions de l’Univers » écrit par Arthur Koestler, que je vous recommande vivement.

Comment cela a été possible ? Comment Kepler a-t-il pu voir une différence aussi faible sans instrument d’observation ? Je me suis longtemps posé la question. Serions-nous capables de faire de même aujourd’hui ? La réponse est oui, et même aisément. Sur l’image ci-dessous j’ai tracé en rouge la trajectoire de Mars par rapport aux étoiles, et en bleu la trajectoire de Mars si elle avait suivi un cercle parfait. Les trajectoires apparentes dans le ciel se séparent par quelques degrés dans le ciel, c’est-à-dire par une différence de quelques fois la taille apparente de la Lune.

Admirez Mars ! et à travers elle les atomes de fer, la vie, et les somnambules qui ont patiemment observé le ciel !

 

Les étoiles carbonées. Des rubis dans le ciel.

Il y a quelque temps, lors d’une sympathique soirée d’observation organisée par l’association, quelqu’un pointa son télescope de type Dobson sur une magnifique étoile d’un rouge intense. Sur un écrin de velours noir était posé cet éclat de rubis rouge. A tous les coups l’on aime, on fait la queue pour l’admirer. C’est une étoile carbonée. Celle-là, comme ses sœurs, sont bien connues, répertoriée dans la longue liste des belles choses à voir dans le ciel nocturne. Puis, quelqu’un demande : « C’est quoi une étoile carbonée ? Euh…. ». Une étoile carbonée, comme son nom l’indique, est une étoile avec beaucoup de carbone à sa surface. Ce carbone forme des composés chimiques complexes, ce qui donne à l’étoile une atmosphère de « suie » et un aspect rouge saisissant. Les molécules de carbone absorbent fortement la lumière bleue et donnent aux étoiles une couleur rouge exceptionnellement profonde. Certes. Mais la raison de cet enrichissement en carbone ? Le carbone est le 5e élément le plus abondant de l’Univers. La suie et les diamants, tous deux composés de carbone, sont partout présents dans l’Univers ! La vie et les molécules organiques sont basées sur les atomes de carbone, l’un des éléments les plus importants pour la vie telle que nous la connaissons sur Terre. Sa grande abondance dans l’Univers et son origine ont été l’une des plus belles énigmes scientifiques. Pour fabriquer un noyau d’atome de carbone, il faut mettre 6 protons ensemble. Dans les étoiles, cela peut se faire progressivement, un proton à la fois. Mais, dans ce processus, il y a un blocage, les noyaux de 5 nucléons (5 protons ou neutrons) sont instables. En 1952, deux chercheurs en physique nucléaire, Salpeter et Hoyle conjecturent l’existence d’une réaction nucléaire, appelée « la triple capture alpha », la fusion simultanée de trois noyaux d’hélium 4, construisant un pont vers le carbone 12 (6 protons et 6 neutrons), via une résonance appelée « l’état de Hoyle », un processus nucléaire unique et une merveille de précision qui fut rapidement confirmée expérimentalement dans les accélérateurs de particules.

Connaissant le processus nucléaire produisant du carbone, la question était alors de savoir où et quand cette réaction avait eu lieu ? La réponse est venue récemment après l’observation que le carbone était arrivé relativement tardivement dans notre Galaxie. Les noyaux de carbone ont été forgés par des étoiles de faible masse, comme le Soleil.  Ces étoiles, après plusieurs milliards d’années, après avoir formé du carbone dans leur cœur, ont projeté le carbone dans l’espace. Cela se produit encore aujourd’hui, cela donne de belles images astronomiques d’objets appelés « nébuleuses planétaires ». C’est le destin des étoiles comme le Soleil. Quant aux étoiles carbonées ? Dans une phase qui se produit juste avant la nébuleuse planétaire, l’étoile s’enfle et se transforme en une immense étoile appelée « géante rouge ». On pense qu’une partie de sa matière interne, riche en carbone fraichement produit, s’est retrouvée mélangée avec l’enveloppe extérieure de l’étoile. Un drapeau rouge pour attirer les regards, juste avant le feu d’artifice final.

© apod.nasa

 

Nuit de l’antimatière – 1er avril 2019

Des chercheurs, dont un membre du club de la Girafe, vont animer une soirée grand public en lien avec l’astronomie. Il s’agit de « la nuit de l’antimatière« . Il s’agira d’expliquer ce que c’est que l’antimatière, et de discuter de pourquoi l’Univers est constitué de matière, et pas d’antimatière (en vérité on ne sait pas !). Cela se passera le lundi 1er avril à partir de 18H30, et jusqu’à plus faim…  On a prévu un buffet froid gratuit servi à 20H, mais il faut s’inscrire. Attention nombre de place limité.

L’inscription se fait via ce formulaire.

Cela se passera à l’Université de Caen, Campus 1, amphithéâtre  MRSH (Maison  de la recherche sur les sciences humaines).

L’événement est national: 18 villes en France seront connectées. Une visite virtuelle du centre de production d’antimatière du CERN (le plus grand accélérateur dans le monde) est également prévue.

Une comète pour dans quelques jours !

Une comète est en approche rapide.  Il s’agit de  C/2018 Y1 Iwamoto.

Elle est aujourd’hui (9 février) de magnitude 6.6 (pas visible à l’oeil nu), mais observable avec un télescope. Comme on peut le voir sur la figure ci-dessous, elle pourrait atteindre son maximum de luminosité entre le 12 et le 13 février.

(d’après le site web de Copyright(C) Seiichi Yoshida)
@ Calsky
A son maximum de brillance, elle sera dans la constellation du Lion.
Et le 10 février elle passera très près des galaxies M95, M96 et M105.
A vos appareils photos pour immortaliser cet événement !

Voici une de mes premières photos de la comète Iwamoto prise le 12 février (constellation du Lion et la comète à droite).

Photo résultant de la compilation de 10  images de 30 secondes ISO 800 f=26 mm.