BIEN CHOISIR SES OCULAIRES
Afin de pouvoir utiliser sa lunette ou son télescope de façon optimale et d’observer les moindres détails accessibles ou les objets dans leur ensemble, choisir des oculaires adaptés à son instrument est indispensable et ne doit être en aucun cas négligé par l’astronome amateur. Grossissement, type d’oculaire, champs apparent et réel, qualité optique, coulant, pupille de sortie ou bien encore relief d’œil sont des paramètres qu’il faut prendre en compte dans le choix de ses oculaires. De même un bon entretien est aussi indispensable.
CHOIX DES GROSSISSEMENTS :
Le choix des grossissements (G) est fonction du diamètre de l’instrument, il s’obtient en divisant la longueur focale de l’instrument (F) par la longueur focale de l’oculaire (f) :
G = F / f
Selon le diamètre (D) de l’objectif pour une lunette ou du miroir principal pour un télescope, définir le grossissement maximum et minimum, puis choisir au minimum 3 grossissements compris entre ses deux grossissements limites : un faible ou moyen, un utile et un fort, mais l’idéal est d’avoir le choix le plus large possible.
Pour limiter le coût d’achat des oculaires et réaliser ainsi des économies, certains astronomes choisissent d’acheter une lentille de BARLOW qui permet de multiplier par 2, 3 voire même par 5 la longueur focale (F) de leur instrument.
L’avantage est d’obtenir 6 grossissements différents pour un prix d’achat équivalent à 4 oculaires (3 oculaires + 1 Barlow).
Grossissement minimum
= D / 7 pour les observateurs de moins de 25 ans
= D / 6 pour les observateurs de 25 – 50 ans
= D / 5 pour les observateurs de 50 – 75 ans
= D / 4 pour les plus observateurs de 75 ans
Grossissement faible = inférieur à D / 4 : Permet d’avoir le plus large champ apparent, très utile pour le ciel profond
Grossissement moyen = Entre D / 4 et 0.7 x D : Permet un bon compromis entre champ apparent et grossissement.
Grossissement utile = Compris entre 0.7 x D et 1.5 x D : Il est le mieux adapté à l’œil
Grossissement fort = au dessus de 1.5 x D : Permet de résoudre de faibles détails surtout en planétaire .
Grossissement maximum = 2.5 x D : Au delà de cette valeur, l’image est plus grande mais devient plus empâtée et montre moins de détails.
Photos montages de la Lune observée dans un instrument de 700 mm de focale avec deux oculaires type Kellner ayant une focale de :
A gauche : Oculaire K 20 mm Grossissement = 35 X
(G = 700 / 20 = 35 X)
A droite : Oculaire K 12.5 mm Grossissement = 56 X
(G = 700 / 12.5 = 56 X)
CHOIX DES FOCALES DES OCULAIRES
Après avoir défini les grossissements souhaités, il suffit de calculer la focale des oculaires en appliquant la formule suivante : Focale de l’oculaire (f) = Focale de l’instrument (F) / Grossissements (G faible ou moyen, puis G utile et G fort) :
f = F / G
Il suffit alors de choisir parmi les focales offertes par les fabricants la focale la plus proche des valeurs calculées.
LES DIFFERENTS TYPES D’OCULAIRES
Il existe différents types d’oculaires avec des variantes et différents niveaux de qualité :
Les oculaires de qualité ordinaire ou bas de gamme à 2 lentilles : Hyuggens (H – HM) et Ramsden (R – SR)
Les oculaires de qualité correcte à 3 lentilles : Kellner (K), MA, AH, SMA
Les oculaires de bonne qualité à 4 lentilles: Plössl (PL), Super Plössl, Orthoscopique (OR – OR HD), Eudiascopique
Les oculaires de haute définition à 5 lentilles ou plus : Panoptic ou Lanthanium
L’oculaire grand angle haute définition (jusqu’à 8 lentilles) : Nagler, Wide Fied, SWA, UWA
Important : Seuls les oculaires à deux lentilles peuvent être utilisés pour l’observation solaire par projection, car ils sont assemblés mécaniquement sans colle, donc ils ne se détériorent pas à la chaleur solaire, par contre les lentilles doivent être en verre et non en plastique.
LE COULANT
Le coulant d’un oculaire correspond au diamètre de sa jupe, c’est à dire de la partie cylindrique en métal chromé. Il existe plusieurs diamètres de coulant mais les plus courants sont les coulants américains de 31.75 mm et 50.8 mm soit 1.25 et 2 pouces. Il existe encore des instruments au coulant japonais de 24.5 mm mais ils sont des plus en plus rare. Il existait autrefois des coulants européens de 27 et 30 mm plus commercialisés de nos jours mais qui peuvent encore être utilisé avec une bague d’adaptation. Un plus grand coulant permet d’obtenir des oculaires de très longue focale avec un large champ apparent. Les oculaires qui possèdent un filetage à la sortie intérieure de leur jupe sont à préférer, car ils peuvent recevoir des filtres lunaire, colorés ou antipollution lumineuse. Enfin il existe des oculaires dit « bi-coulant » qui peuvent
être montés sur des portes oculaires de 31.75 ou 50.8 mm sans système d’adaptation.
Ci-contre, oculaires de 40/42 mm
de focale aux 3 coulants différents :
24.5 mm, 31.75 mm et 50.8 mm
Jupe de l’oculaire
LE CHAMP APPARENT (Ch.A)
Il détermine l’angle de vision dans l’oculaire, donc le confort de vision. Plus il est petit, plus l’observateur à l’impression d’observer dans un « tuyau » étroit. Plus il est grand et plus la vision est confortable. Cet angle varie selon le type d’oculaire utilisé, et selon les constructeurs, mais dans la majorité des cas ils sont de l’ordre de :
– 30° pour les oculaires du type Hyuggens (H), Ramsden (R) , HM
– 40 ° pour les Kellner (K), Orthoscopique (OR), MA, HA, SR
– 50° pour les Plössl (PL), Super-Plössl (SPL)
– De 55° à 80° pour les oculaires grands angles.
LE CHAMP REEL (Ch.R)
Il indique la portion du ciel que l’observateur peut observer dans l’oculaire sans déplacer l’instrument. Exprimé en degré,
il se calcule en divisant le champ apparent de l’oculaire par le grossissement :
Ch.R = Ch.A / G .
Plus le champ apparent est important plus grande est la portion du ciel observée, d’ou un meilleur confort d’observation et
la possibilité de voir certains objets dans leur entier.
Photos montage de la Lune observée avec le même grossissement de 78 X dans un instrument de 700 mm de Focale avec deux oculaires de type différent mais de focale
identique de 9 mm (700/9 = 78 X). Le diamètre de la Lune est de 0.5°
A gauche : Oculaire Huygens (H), champ apparent ChA=30°,
Champ réel = 30 / 78 = 0.38°. La Lune n’est pas visible dans son entier.
A droite : Oculaire Plössl (PL), champ apparent ChA=50°,Champ réel = 50 / 78 = 0.65°. La Lune est bien visible dans son entier.
LA PUPILLE DE SORTIE
Elle détermine le diamètre de l’image en sortie de l’oculaire qui doit être au maximum égale au diamètre de la pupille de l’œil de l’observateur, qui varie en fonction de son âge : 7 mm pour les moins de 25 ans ; 6 mm pour les 25-50 ans ; 5 mm
pour les 50-75 ans et 4 mm pour les plus 75 ans. Ce paramètre est surtout utile pour le calcul du grossissement minimum, mais il peut être calculé à titre indicatif pour tous les oculaires. Pour la calculer il suffit de diviser le diamètre de l’instrument par le grossissement D/G. Plus le diamètre de l’instrument est important, plus l’image en sortie d’oculaire sera grande pour un même grossissement, et l’image plus lumineuse.
RELIEF D’ŒIL
Cette caractéristique donnée par le fabricant est spécifique à chaque oculaire. Il correspond à la distance à laquelle l’observateur doit placer son œil par rapport à l’oculaire pour qu’il puisse observer une image correcte. Dans la majorité des oculaires, le relief d’œil est de quelques millimètres, ce qui n’est pas des plus confortables pour observer. Mais certains oculaires ont un relief d’œil de 15 à 20 mm, ce qui les rend très confortable d’utilisation, et permet aux porteurs de lunettes de correction de les garder pour observer, ce qui est très appréciable pour les astigmates. Par contre ces oculaires sont plus complexes à fabriquer et ils coûtent aussi plus cher à l’achat.
ENTRETIEN
Ne jamais démonter un oculaire sous peine de le rendre inutilisable. Nettoyer régulièrement avec un chiffon doux, propre et non pelucheux la lentille d’œil, celle dans laquelle l’on regarde car le battement des cils y dépose un film gras et empêche une bonne transmission de la lumière. Pour la lentille située du coté de la jupe de l’oculaire, si elle est facilement accessible, la nettoyer aussi avec un chiffon propre doux et non pelucheux ou bien avec un pinceau soufflant de photographe. Il existe dans le commerce des « stylos de nettoyage » prévu à cet effet, ainsi que des bombes d’air
comprimé qui permettent de dépoussiérer les optiques.
Source : GIRAFE Infos N° 15
Décembre 2008