Quel instrument d’observation pour un enfant ou un adolescent ?
Il n’est pas rare que des enfants même très jeunes s’intéressent à l’astronomie, et pour des parents qui ne se sentent pas attirés par cette science céleste, il ne leur est pas toujours facile d’accompagner leur enfant dans la pratique d’une passion naissante ou éphémère. Alors certains parents n’hésitent pas à demander des conseils pour leur enfant, et il n’est pas toujours facile de les conseiller car c’est avant tout leur rendre service et ne pas leur donner son propre choix.
À l’Astro-Club de la GIRAFE, fort de plusieurs années d’expérience dans l’initiation des néophytes, des débutants ainsi que des enfants à l’observation astronomique, que se soit lors des soirées d’observations ou bien lors des « Nuit des étoiles », il a été constaté que l’observation planétaire c’est à dire la Lune, les planètes ainsi que le Soleil sous la surveillance d’un adulte, doit être privilégiée car même dans un petit instrument genre lunette de 60 mm d’ouverture, domaine d’observation ou cet instrument excelle, elle remporte un vif intérêt. Cela provient du fait que ce qui est observé correspond bien aux images vues dans les livres et magasines astro qui sont bien souvent leurs seules références. Certes l’image est plus petite, moins détaillée et aussi moins colorée, alors que les objets du ciel profond (galaxies, nébuleuses et autres amas) observés dans des jumelles de 7 X 50 mm voire même dans des 12 X 80 n’ont pas le même intérêt, et souvent c’est la déception.
En effet, la boule de coton grisâtre ne ressemble en rien aux superbes photos souvent prises par le télescope spatial « Hubble » et que l’enfant a en mémoire. Où sont les superbes formes colorées si caractéristiques de certains célèbres objets comme les splendides nébuleuse d’Orion ou la galaxie d’Andromède ? De même, l’observation planétaire aux jumelles ne présente que peu d’intérêt pour un enfant car les planètes gardent toujours leur aspect ponctuel « d’étoiles ». Quand au poids et à l’encombrement des jumelles de 40 ou 50 mm par rapport à la taille d’un enfant, ils correspondent à ceux des jumelles de 70 à 80 mm pour un adulte, pour lequel il est fortement conseillé de les monter sur un trépied photo pour l’observation astronomique. Conseil qui vaut aussi pour un enfant car son confort d’observation ne doit pas être négligé par rapport à celui d’un adulte. Le prix du trépied et de son adaptateur augmente alors considérablement le prix total de l’instrument, et de plus, l’observation avec des jumelles sur un trépied n’est pas des plus évidente à cause d’un montage en porte-à-faux allié à l’absence d’un mouvement fin en hauteur, alors qu’une lunette est livrée d’origine avec un trépied et dans la plupart des cas avec un mouvement fin en hauteur.
C’est pourquoi nous préférons conseiller pour un enfant ou un jeune adolescent l’achat d’un instrument ayant de bonnes aptitudes à l’observation planétaire, et la classique lunette azimutale de 60/700 mm (ou 60/800 ou encore 70/700) parait être un excellent choix. De plus elle permet aussi à son utilisateur de s’initier à l’observation du ciel profond comme par exemple la nébuleuse d’Orion, la galaxie d’Andromède, les amas ouverts des Pléiades, de la crèche ou encore de Persée ainsi que des étoiles doubles ou multiples. Sa simplicité d’utilisation la rend accessible aux enfants à partir de sept ans, elle est peu sensible à la turbulence atmosphérique, sa mise en température est réduite, elle ne se dérègle pas (sauf accident), facile à transporter et à emmener en vacances. Elle peut aussi être utilisée pour des observations terrestres moyennant l’ajout d’un redresseur d’image. Mais aussi son prix d’achat peu élevé en fait un investissement sans risque.
L’achat d’un petit télescope DOBSON, télescope de Newton avec une monture azimutale simplifiée en bois de 114 mm peut-être aussi être envisagé pour un enfant passionné. Le télescope Newton ne permet pas des observations terrestres car l’image observée est inversée, et l’optique doit-être réalignée régulièrement. Cette opération n’est pas très compliquée mais demande quand même minutie et précaution, elle doit-être réalisée par un adulte. Si ses aptitudes à l’observation planétaires et du ciel profond sont supérieures à celles d’une lunette de 60 à 70 mm, il est en revanche plus sensible à la mise en température et à la turbulence atmosphérique.
Les lunettes à courte focale type 70/350 ou 80/400 ont des aptitudes limitées pour l’observation planétaire car elles ne permettent pas de forts grossissements (de 70 à 80 fois maxi), mais elles sont d’excellentes « voyageuses » lorsqu’elles sont montées sur un pied photo et sont bien adapté à l’observation des larges champs du ciel profond. Elles peuvent être un choix intéressant pour un enfant qui voyage beaucoup et qui souhaite emporter son instrument avec lui.
Quand aux jumelles, l’expérience nous a montré que ce n’est sûrement pas le meilleur choix car leur domaine d’utilisation en astronomie se limite au ciel profond et aux rassemblements planétaires, moins spectaculaires à observer que le planétaire. Néanmoins, pour les parents qui possèdent déjà des jumelles, elles restent quand même un excellent outil de découverte du ciel étoilé qui peut être mis à la disposition de leur enfant en attendant l’achat d’un instrument plus adapté. En ce qui concerne l’argument qui consiste à dire que si l’enfant n’a plus d’intérêt pour l’astronomie, les jumelles pourront être recyclées dans une autre passion, cet argument n’est pas recevable puisqu’en tant que passionnés d’astronomie, nous devons conseiller un instrument qui lui donne envie d’observer et de faire en sorte que sa passion grandisse, plutôt que de lui conseiller un instrument qui le déçoive et qui le détourne de sa passion céleste naissante. Et si l’enfant n’a plus d’intérêt pour l’astronomie, une petite lunette pourra être recyclé dans l’observation terrestre, ou bien alors revendue tout comme le Dobson.
Pour un adolescent à partir de 14 ans passionné et motivé, il est possible de lui acquérir une lunette équatoriale de 80 à 100 mm, un télescope équatorial Maksutov-Cassegrain de 90 à 100 mm pour ses superbes images en planétaire, un télescope équatorial Newton de 100 à 150 mm d’ouverture pour sa polyvalence planétaire et ciel profond, ou bien encore un DOBSON, télescope Newton sur monture azimutale en bois de 150 à 200 mm pour sa facilité d’utilisation et ses capacités en planétaire et surtout en ciel profond. Les instruments équipés d’une monture équatoriale dont l’axe polaire peut-être motorisé en option sur les instruments d’initiation, permettent l’initiation à la photographie planétaire à l’aide d’un simple appareil photo numérique. La monture azimutale ne permet seulement que des photos numériques de la Lune et du Soleil car les possibilités de grossissement sont moindres qu’avec une monture équatoriale motorisée.
Éviter pour un enfant ou un jeune adolescent, l’achat d’un instrument avec pointage entièrement automatisé, car si les arguments de vente peuvent faire rêver plus d’un débutant, son prix de vente plus élevé qu’un instrument équivalent entièrement manuel, sa mise en station, l’initialisation de sa raquette de commande, mais aussi la fiabilité de ses parties mécaniques souvent en plastique pour les modèles d’initiation ainsi que la fragilité de ses connexions électriques sont trop souvent un obstacle majeur à sa bonne utilisation. Son utilisateur passant plus de temps à maîtriser son instrument plutôt qu’à observer. Dommage car cela signifie que le but de simplification de l’observation n’est pas atteint.
Interdire à un enfant d’observer le Soleil est la meilleure garantie qu’il essaie de le faire dans les pires conditions de sécurité pour ses yeux. Mieux vaut lui expliquer les graves risques encourus, et s’il souhaite tout de même l’observer, acheter un bon filtre solaire, et lui proposer de ne jamais l’observer seul, mais toujours accompagné d’un adulte connaissant bien les risques liés à l’observation solaire.
Enfin et c’est un point très important à ne pas négliger pour un enfant, l’observation du Soleil sans protection adaptée est très dangereuse pour ses yeux (ainsi que pour ceux d’un adulte) car les lésions occasionnées sont irréversibles. Toujours utiliser un filtre solaire en parfait état et se conformer aux consignes de sécurité relatives au type de filtre utilisé. Ne pas oublier non plus de mettre un cabochonde protection sur l’objectif du chercheur, ou bien de retirer celui-ci du tube optique pendant toute l’observation. Les yeux d’un observateur valent bien plus que les quelques dizaines d’euros d’un bon filtre.